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Juan Piqueras
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Mensaje por Juan Piqueras »

Me lo ha enviado Jose Luis Brugal por considerarlo interesante y yo procedo a incluirlo aqui para los que dominen el frances y esten interesados en el tema.

Le conflit du Sahara Occidental

Claude LE BORGNE

Le général Claude Le Borgne est maintenant bien connu de nos lecteurs. Peu cependant savent qu’il est un vieux Saharien. Il est rentré depuis peu d’un voyage en Mauritanie où il a rencontré d’anciens et de fidèles amis. Il nous donne ici le point de vue d’un spécialiste qui ne vit pas sur des vieux souvenirs mais qui est retourné sur place, et qui analyse la situation avec sa pénétration habituelle.Le conflit du Sahara occidental a un objet concret, facile à cerner: ce qui est en jeu, c’est le territoire des deux anciennes provinces espagnoles de la Saguiyat el Hamra et du Rio de Oro et le sort des populations qui y vivaient et y nomadisaient. 270 000 kilomètres carrés de désert, mais aux côtes fort poissonneuses, et riche d’un important gisement de phosphate. Cependant une présentation aussi sommaire rend mal compte de l’acharnement des parties en conflit et de la complexité d’un problème à la fois très triste et très passionnant. De cette complexité les ingrédients sont politiques, économiques, sociologiques, idéologiques. L’observateur y trouve matière à méditer sur les frontières créées par la colonisation, sur la nature du pouvoir en pays d’islam (nationalisme et umma), sur l’éternel affrontement des bédouins et de l’Etat, sur la rencontre, caricaturale ici, d’une monarchie (marocaine), d’un pays « socialiste » (algérien) et d’une quasi-démocratie (mauritanienne), sur l’impact d’une entreprise idéologique (celle du Front Polisario) dans une population traditionaliste.Après avoir survolé l’histoire longue et imparfaitement connue qui a abouti à la constitution de la société maure, si particulière, nous rappellerons la genèse de la situation actuelle et le déroulement du conflit proprement dit, de 1956 à aujourd’hui. Nous proposerons ensuite quelques réflexions sur l’évolution moderniste de l’ensemble de la région, et nous nous livrerons enfin aux périlleux exercices des hypothèses d’avenir.

1. - HISTORIQUE DES MAURESParler de l’histoire du Sahara occidental, c’est faire l’histoire des « Maures ». Il n’est pas vain de le rappeler, alors que le nouveau vocable de « Sahrawi » est apparu comme un nom de guerre pour désigner une partie d’entre eux et contester - prestige de la violence aidant - l’unité de l’ethnie maure, peuplement original du Sahara occidental, de l’Oued Noun au Sénégal (1) . Ce rappel ne vise nullement à effacer, par un excès inverse, les nuances qui teintent, selon les latitudes, cet ensemble ethnique, nous ne manquerons pas d’y revenir.La société maure est issue des bousculades de trois ethnies de base, citées ici dans l’ordre de leur entrée en scène, noirs, berbères, arabes. Avant le Xe siècle il faut bien sûr se résigner, faute de sources, à de brumeuses traditions; selon lesquelles les noirs Bafours, premiers occupants connus, notamment de l’actuel Adrar mauritanien, furent peu à peu repoussés vers le sud par des Berbères Sanhaja venus du nord.Les Sanhaja du Sahara, les mutleththemin « au visage voilé », n’étaient à l’origine que partiellement islamisés. C’est au XIe siècle que se produit, en prélude à l’épopée almoravide, l’islamisation profonde de notre région, en même temps qu’une seconde vague d’expansion vers le sud aux dépens des noirs. Yahya ben Ibrahim, flanqué d’un saint homme recruté au retour du pèlerinage (1040), Abdallah ben Yasin, en est l’initiateur. Mais initiateur d’abord malheureux puisqu’un premier échec l’amène à se retirer dans un ribat insulaire (au cap Timrist ?) (2) d’où vient le nom de la glorieuse dynastie almoravide (almurâbitûn les gens du ribat). De cette retraite en effet la foi devait rayonner et donner la puissance aux Sanhaja-Lemtouna qui domineront de Sijilmassa à Aoudaghost, cependant que le cousin Youcef ben Tachfin fonde Marrakech et restaure le Maghreb et l’Espagne musulmane.Second épisode, après un hiatus de près de trois siècles: arrivée des Arabes. Les Arabes de Mauritanie ont une origine très claire. Ils se rattachent aux Beni Hilal, ces trublions dont les Ommayades d’abord, les Fatimides ensuite se sont débarrassés en les jetant sur la Tunisie puis le Maghreb. Parmi eux les Maqil, originaires du Yémen, pousseront par la bordure nord du Sahara jusqu’au Sous, voire jusqu’à la Saguiyat el Hamra, au XIIIe siècle. Et c’est aux XIVe - XVe siècles qu’une fraction de ces Maqil, les Beni Hassan, descendent vers le sud. Fort peu nombreux mais guerriers consommés, ils vassalisent les Sanhaja à l’issue d’une guerre de résistance connue en Mauritanie sous le nom de chhar Babbah et menée à rappel de Nacer ed Din. C’est de la victoire des Arabes, marquée par un traité de paix en 1674, qu’est issue l’organisation si curieuse de la société maure, répartie en classes tribales précises: au haut de l’échelle les Arabes Hassan, monopolisant la force des armes; au-dessous les tribus à vocation religieuse (Zwaya ou Tolba) payant tribut à leurs Arabes, leur apportant le concours de leur science religieuse et de leur piété et bénéficiant de leur protection armée; enfin les znaga ou tlamid, éleveurs et tributaires soit des Arabes, soit des Zwaya et dont la condition médiocre est à imputer au sort initial des luttes fratricides inter-Sanhaja ou à une moindre capacité à utiliser, face aux Arabes, le secours de la religion.Telle s’est établie dans son originalité la société maure traditionnelle. Cette originalité s’est renforcée de l’isolement géographique. Le centre de gravité s’en trouve en effet quelque part entre Adrar et Tagant. C’est dans la moitié sud du Sahara occidental, séparée du Maroc et de l’Algérie par un désert plus rude qu’elle s’est perpétuée. Elle a bénéficié là d’un milieu favorable à un élevage total, en particulier dans les latitudes méridionales, du Trarza au Hodh, où cohabitent chameaux, ovins et bovins. Elle y a acquis, aux yeux des Musulmans, la spécificité et le prestige du « Bilâd Chinguit ». Elle offre au sociologue un champ d’observation parfaitement homogène et aux vieux coloniaux nostalgiques le charme d’une civilisation et d’une culture particulièrement harmonieuses.Revenons sur ce que l’on a dit plus haut de l’unité et de la variété de la société maure. Si le cœur de la « mauritude » est bien dans la moitié sud du Sahara occidental, il est clair pour le voyageur que jusqu’au Bani et au Noun il y a de la mauritude, comme il y en a au nord-est, à Tindouf et dans l’Erg Iguidi. L’origine berbère Sanhaja est identique, le dialecte aussi, typiquement nommé Hassaniya, l’habillement et le mode de vie. Si les Maures les plus purs doivent leur spécificité à l’isolement où les a maintenus le dur désert du nord, celui-ci bénéficie pourtant d’un relief et d’une influence maritime qui en font, dans sa frange ouest, un désert « maniable », à l’inverse des épouvantables étendues de l’est qui forment, elles, une barrière souvent infranchissable.C’est pourquoi les rapports du Maroc et du Sahara occidental sont, dans l’histoire, constants, mais aussi lâches et à double sens. Sens sud-nord avec les Almoravides mais aussi avec les Ma el Aynin du début du siècle; sens nord-sud avec les Maqil, poussés par les sultans Mérinides et toujours soutenus, fut-ce verbalement, par leurs successeurs. Avec aussi les expéditions de commerce ou de souveraineté envoyées par les Saadiens vers le sel de Teghaza-Taoudenni et vers le Soudan, et dont la traversée du pacha Djouder, en 1590, est à juste titre la plus célèbre. Avec enfin les contacts épisodiques des sultans alaouites avec la Mauritanie et l’investiture parfois donnée aux émirs locaux (ainsi celle de Eli Chandora en 1703).Ces émirats étaient essentiellement ceux de l’Adrar, du Tagant, du Brakna et du Trarza. Leur autorité, faible chez les leurs, ne s’est jamais étendue à la moitié nord. En particulier les très vastes confédérations Teknas et Rgueybat ont préservé des Maqil leur indépendance. Et l’on a pu dire qu’au XIXe siècle la montée des Rgueybat, guerriers dont les origines sont berbères et maraboutiques, a été interrompue par la conquête française.On ne saurait clore ce rapide survol sans parler de la Saguiya el Hamra et de ses saints personnages. Sur le « versant » nord du Sahara la vallée de la Saguiyat apparaît, par la conjugaison fertile du désert et de points d’eau relativement nombreux, comme une pépinière - et un cimetière - d’hommes de Dieu: Sidi Mohammed el Kenti, Sidahmed La’roussi, Sidahmed er Rgueybi et surtout la famille Ma el AyDin. Ma el AyDin (1838-1910) est le fils de Chikh Mohammed Fadhel qui enseignait, notons-le au passage, au Hodh. C’est entre 1888 et 1895 qu’il fait édifier la mosquée et le Ksar de Smara, avec l’aide du Sultan. On sait le prestige qu’il s’est acquis par sa résistance aux Français, dont l’aventure finale est marocaine et motivée par les abandons de souveraineté consentis par Moulay Hafidh : sa propre aventure, arrêtée dans la plaine de Tadla (1910), puis celle de son fils El Heyba, vaincu par Mangin à Sidi Bou Othman.De ce raccourci historique, on peut retenir les idées suivantes.En tant qu’ethnie, les Maures se répartissent du Sénégal, voire du Niger, jusqu’au Draa. Mais un tropisme à dominante économique les oriente soit vers le nord (sud-marocain et sud-algérien) soit vers le sud (fleuve Sénégal), de part et d’autre de ce qu’on pourrait définir comme une ligne de partage des nomades.Au nord la confédération rgueybat était, à la fin du siècle précédent, une puissance guerrière montante, la « mauritude culturelle » étant centrée au sud.Tout au long de la période historique, les souverains marocains ont eu avec les populations du Sahara occidental les rapports ambigus d’un Emir al mu’minîn bien loin de « ses » bédouins.

II . - GENÈSE DU CONFLIT : COLONISATION, DÉCOLONISATION ET FRONTIÈRES

Colonisation:
Au XIXe siècle, le Sahara occidental et ses Maures se trouvent dans une situation de souveraineté politique floue. Ce flou est certes propre à l’islam où le concept de umma, communauté de croyants, s’accommode de pouvoirs étatiques partiels. Il est ici aggravé par la résistance du désert à l’emprise administrative. C’est dans cette situation que vont faire irruption les Occidentaux et leur conception mathématique du pouvoir et des frontières. D’où trois séries de problèmes, qui ne sont pas sans rapport avec le conflit en cours: algéro-marocains, franco-maroco-espagnols, franco-français.Héritière, dans un premier temps, de la province ottomane algérienne, la France eut à préciser sa frontière avec le Maroc chérifien. La convention de Lalla Marnya, du 18 mars 1845, nous intéresse par la définition qu’elle donne du désert comme « res nullius ». En effet la frontière, précise jusqu’à la hauteur de Figuig-Ayn Sefra, s’évanouissait officiellement ensuite dans les sables, selon les termes de l’article 4: « II n’y a pas de limite territoriale à établir entre les deux pays puisque la terre ne se laboure pas, qu’elle sert seulement de pacage aux Arabes des deux empires qui y viennent pour y camper et y trouver les pâturages et les eaux qui leur sont nécessaires ». Définition qui n’est point si sotte.La présence espagnole au Sahara occidental est authentifiée à la conférence « léonine » de Berlin en 1885. Dès lors la délimitation entre la France et l’Espagne s’imposait, en dépit de l’extrême lenteur de la colonisation espagnole. Elle fit l’objet de diverses conventions. Celle de 1912 reconnut le parallèle 27° 40’ comme la limite sud du territoire marocain. En foi de quoi la zone de Tarfaya, entre ce parallèle et le Draa, sera « protectorat espagnol » du Maroc méridional.La France, au fil de sa mainmise sur le Sahara, eut à régler ses propres problèmes entre territoires d’administrations différentes: départements algériens, protectorat du Maroc, colonies d’AOF (Mauritanie et Soudan). Ces règlements internes ne sont pas sans intérêt puisque, querelles de boutons mises à part, on peut penser que la France, souveraine partout, a fixé ses frontières internes en toute objectivité. En effet le caractère spécifique des « confins » a été reconnu et intelligemment traité, dès liaison faite, dans les années 1930. Un décret du 5 août 1933 crée les « Confins algéro-marocains », avec double PC, à Tiznit et Béchar. La convention de Bir Mogreyn, le 21 décembre 1934, partage assez logiquement les Rgueybat entre les administrations d’Atar et de Tindouf. Ces conventions authentifient le caractère tripartite des Confins, la liberté indispensable de nomadisation, les liens de Tindouf avec le Maroc et surtout le parallèle 25°, qui passe au sud de Bir Mogreyn, comme une sorte de ligne de partage des nomades, à laquelle on a fait, plus haut, allusion.

Décolonisation:
La décolonisation s’est faite en quatre temps, ce qui n’est pas pour simplifier les choses: Maroc 1956, Mauritanie 1960, Algérie 1962, Sahara espagnol 1975-1976.La contestation des frontières coloniales, dont on sait que la charte constitutive de l’OUA a proclamé en 1963 l’intangibilité, a été initiée par le Maroc dès son indépendance, et de façon grandiose avec le mythe du « Grand Maroc ». Il faut se souvenir de ces extravagantes prétentions, qui vont jusqu’au Sénégal et presque jusqu’au Niger, englobant largement la Saoura et le Touat. Il faut aussi se rappeler que l’Istiqlal et Allal el Fassi en étaient les propagandistes les plus virulents: ainsi comprend-on mieux l’union sacrée actuelle et pourquoi la gauche marocaine se montre, aujourd’hui encore, plus royaliste que le roi en matière de nationalisme, au grand scandale de la gauche française et internationale. Ainsi dès ce moment on voit s’affronter les thèses algérienne et marocaine, la première juridiquement solide, s’appuyant sur la charte de l’OUA et le principe sacro-saint rappelé plus haut.

Dernière décolonisation:
L’ex-colonie espagnole, cadre géographique du conflitLa zone délimitée par les frontières coloniales espagnoles ne correspond pas à une unité géographique. Certes, elle se rattache à ce que les Maures nomment le Sahel, à la fois « rivage » et direction cardinale du « nord-ouest ». Mais elle comprend deux régions assez différentes, au sud le Tiris (et l’Adrar Sottof), inclues dans l’Ancien Rio de Oro, au nord le bassin de la Saguiyat el Hamra. Le Tiris est très intégré dans l’ensemble physique mauritanien; il est même particulièrement aride (25 puits recensés en 1958). La Saguiyat au contraire est un oued important par ses eaux résiduelles et ses possibilités de cultures pauvres. Cependant les établissements religieux - pour beaucoup funéraires - qui s’y sont installés ne sauraient se confondre avec une quelconque urbanisation, dont les propagandes actuelles pourraient entretenir l’illusion (3).Sur le plan économique ce petit territoire recèle des richesses non négligeables: la pêche et les minerais. Inventorié en 1963-1964, le gisement de phosphate centré sur Bou Craa est l’un des plus grands du monde. Ses réserves estimées avoisinent 10 milliards de tonnes, d’exploitation à ciel ouvert, et de bonne teneur. La société espagnole Fosbucraa en a entrepris la mise en valeur initiale, avec bande transporteuse (la plus longue du monde: près de 100 kilomètres), usine de conditionnement et installations portuaires. En 1975, la production a été de 2,6 millions de tonnes et on espérait 10 millions en 1980, espoir ruiné par le conflit armé mais qui renaît maintenant, le Maroc ayant annoncé, en juillet 1982, la reprise de l’exploitation. Si l’on ajoute à cela quelques prospections pétrolières, en particulier off-shore, la prolongation repérée des gisements de fer de Zouerat et de Gara Djebilet, on voit que les considérations humaines ne sont pas les seules à prendre en compte dans notre problème. Venons-en cependant à celles-ci, qui ne sont pas simples.Déterminer la population intéressée par la décolonisation espagnole n’est en effet pas facile : au caractère nomade des indigènes s’ajoutent les mouvements divers dus aux opérations militaires et les propagandes des parties « prenantes », Maroc et Front Polisario. Les observateurs sérieux s’accordent sur la valeur du recensement espagnol de 1974, effectué donc à une date antérieure aux grands bouleversements. Ce recensement s’est arrêté au chiffre total de 73 487. De cet ensemble, une minorité peut être considérée comme entièrement liée au territoire. Les Rgueybat le débordent extrêmement vers l’est et le sud, les Ouled Delim vers le sud-ouest et les fractions Teknas se rattachent à la grande confédération dont le centre est au nord. Le cas des Rgueybat est évidemment exemplaire par l’ampleur de leurs nomadisations, leur dispersion et l’usage que fait néanmoins le Front Polisario de leurs qualités et de leur prestige. La confédération est partagée en deux groupements très distincts: les Sahel et les Charg ou Gouasem. Les premiers sont assez nettement liés à la Mauritanie actuelle alors que les Charg se répartissent entre la Saguiyat, le Zemmour, l’Iguidi, l’Erg Chech. Tindouf était incontestablement leur, après qu’ils y eurent supplanté les Tadjakant (4). Leurs qualités guerrières en font le noyau dur du Front Polisario mais leur authenticité territoriale ne saurait être revendiquée par personne.

III. - LE CONFLIT : ÉVÉNEMENTS MILITAIRES, POLITIQUES, DIPLOMATIQUES
Revendications marocaines et front commun:
Dès la fin du protectorat (1956), les revendications sahariennes du Maroc s’expriment violemment. On a déjà souligné leur démesure. Elles sont à l’origine des opérations franco-espagnoles de 1958 contre « l’armée de libération », opérations qui sauvegarderont l’indépendance mauritanienne. Mais, créée en 1960, la République islamique de Mauritanie ne sera reconnue par le Maroc qu’en... 1969. Vers l’Algérie les prétentions chérifiennes seront à l’origine de la « guerre des sables » de 1963, guerre sans conclusion.Il faudra donc attendre 1970 pour que les lenteurs de la décolonisation espagnole obligent le Maroc à se réconcilier avec ses deux partenaires-adversaires. A la conférence de Nouadhibou, les trois pays décident de faire front commun pour libérer le Sahara de la tutelle de l’Espagne. Le Maroc abandonne ses « droits » sur la Mauritanie et l’Algérie: ces concessions unilatérales sont à l’origine de sa colère future, ou de sa bonne conscience.A l’intérieur des deux provinces espagnoles naissent plusieurs partis indépendantistes (5) . Le Front pour la libération de la Saguiyat el Hamra et le Rio de Oro (Polisario) est le plus radical. Il affiche d’emblée des options redoutables: anti-impérialisme et violence armée. Créé le 10 mai 1973, il livre le 20 son premier combat, quelque peu symbolique. L’Espagne cependant s’oriente vers la mise en œuvre d’un statut d’autonomie, appuyé sur une djemaa, et prélude à l’indépendance.

La rupture : 1975
Devant le double danger de l’autonomie contrôlée par l’Espagne et du radicalisme du Front Polisario, le Maroc va précipiter les choses. Pin 1974, il passe avec la Mauritanie un accord secret de partage nord-sud « d’influence ». Ce faisant - et ceci nous ramène à la description qu’on a faite de l’ethnie maure - le Maroc abandonne l’argument de l’unité ethnique du Draa au Sénégal pour se rabattre sur la double polarisation, nord-sud, des nomades.En accord avec son partenaire mauritanien, désormais unique, le Maroc obtient de l’ONU que soit demandé à la Cour internationale de justice de La Haye un avis juridique sur la situation du territoire contesté. L’avis de la CIJ, rendu le 16 octobre 1975, est fort précieux: on a brocardé ses hésitations; on aurait dû louer l’analyse subtile qu’il fait d’un problème impossible à simplifier. Deux questions étaient posées à la Cour. Le territoire en cause était-il ou non, à la veille de la colonisation, « res nullius », telle était la première, à laquelle la Cour a répondu par la négative. Réponse certes contestable, mais qui avait le mérite de permettre d’aborder la seconde question: qui exerçait donc la souveraineté ?Pour le Maroc, la Cour reconnaît « l’allégeance » de « certaines » tribus nomades au sultan, lien religieux plus que juridique stricto sensu (avec mention des Teknas).Pour la Mauritanie (soit l’ensemble actuellement dénommé RIM), la Cour constate l’existence de certains droits relatifs à la terre (eaux et pâturages), de liens multiples, religieux, sociaux et pseudo-juridiques, mais dans le cadre d’une « co-souveraineté de tribus et d’émirats ».La Cour enfin mentionne l’ensemble Rgueybat comme autonome et indépendant.On voit que si l’avis de la CIJ a été jugé non opérationnel, si chacune des parties a pu y trouver argument à son profit, c’est que la Cour s’est refusée à faire entrer dans un cadre de souveraineté étatique moderne et occidental ce qui était un modèle original; une anarchie tempérée, typique des sociétés nomades, en contact au nord avec un état musulman, c’est-à-dire à allégeance personnelle et souveraineté floue, à l’intérieur d’une Umma plus générale.Pendant que se déroulait cette démarche juridique, une mission de l’ONU se rendait sur place en mai-juin 1974 et déposait son rapport le 15 octobre 1975. La mission a été l’occasion de démonstrations indépendantistes, notamment du Front Polisario, qui ont frappé par leur ampleur les envoyés de l’ONU, mais aussi les Espagnols.L’avis de la CIJ et la mission de l’ONU décident Hassan II à jouer son va-tout. Avec sa spectaculaire Marche Verte, il exploite avec un total succès les possibilités qu’offre la scène internationale aux comédies de masse. Annoncée le 16 octobre 1975, réalisée du 6 au 9 novembre, la Marche déclenche une intense activité diplomatique qui aboutit le 14 novembre à la signature des accords de Madrid entre l’Espagne, le Maroc et la Mauritanie, précédée le 10 d’une dramatique entrevue de Mokhtar Ould Daddah et Boumediene.Le contenu formel des accords ne reflète pas sa réalité: les Espagnols s’engagent à quitter le territoire avant le 28 février 1976 et une administration intérimaire tripartite sera mise en place en attendant la solution définitive, laquelle tiendra compte des vœux de la population, exprimés par la djemaa. Mais le concret c’est d’abord la répartition de l’exploitation phosphatière entre Maroc (65 %) et Espagne (35 %) et surtout le partage du territoire entre Maroc et Mauritanie, qui ne sera officialisé que par un accord bipartite le 14 avril 1976 Oigne nord Dakhla-Zouerate).L’accueil fait aux accords de Madrid par la communauté internationale n’a pas été mauvais: l’ONU leur a donné une demi caution, deux résolutions contradictoires ayant été adoptées. Le Front Polisario et l’Algérie les ont évidemment violemment dénoncés. Sur le terrain c’est la foire d’empoigne. Les Forces armées royales (FAR) se précipitent en Saguiyat dès la fin de novembre. Le Front Polisario essaie de se maintenir et de se manifester militairement mais est finalement rejeté de l’ensemble de la zone, le Maroc aidant la faible RIM à s’implanter dans la partie sud. Le 26 février 1976 c’est le départ des derniers Espagnols, la djemaa d’Al A’yun est réunie pour entériner le partage et le 28 le Front Polisario en exil crée la République Arabe Sahraouie Démocratique. Le décor est en place pour la longue guerre qui commence.

La guerre
En ce début de la vraie guerre, le Front et la RASD, qu’est-ce donc ? Un noyau armé constitué d’anciens militaires-partisans espagnols (1 500) autour duquel se réunissent de jeunes guerriers, essentiellement Rgueybat et Ouled Delim. Les effectifs initiaux étaient de l’ordre de 5000 hommes, et leur évolution est difficile à suivre. Le soutien en armement en est assuré essentiellement par la Libye. La RASD, c’est aussi une masse, là encore difficilement évaluable, de « réfugiés » regroupés dans les camps (mukhayyamat) de la région de Tindouf. La mission de l’ONU en 1975 en a estimé le nombre à 7000. Mais l’exode principal s’est certainement produit en 1976, lors de rentrée des FAR, événement traumatisant exploité par le Polisario et l’Algérie. Il s’agit maintenant de plusieurs dizaines de milliers de personnes (40 à 80), mais ni l’importance ni la composition de cette population ne peuvent être facilement précisées. Quoi qu’il en soit cette situation permet au Front d’arguer d’un soutien « national ».Militairement le Front va d’abord consacrer ses efforts à la Mauritanie, infiniment plus vulnérable que le Maroc, par sa position ambiguë de frère ennemi, par la fragilité de son économie liée au fer de Zouerate et à son évacuation, par la faiblesse de son armée (qui passera en un an de 2-3000 hommes à 12000), par ses problèmes de cohabitation raciale entre noirs et blancs. En dépit de l’aide du Maroc et de l’intervention des Jaguar français, en un peu plus de deux ans la Mauritanie sera contrainte à la paix par les remarquables combattants du Front, qui, Land-Rover pour chameau, égaleront leurs ancêtres dans l’agilité opérationnelle : Mokhtar Ould Daddah est destitué en juillet 1978 et la paix signée un an plus tard (6), délai qui reflète les difficultés d’un renversement d’alliance délicat. A partir de quoi le Maroc prend dans l’ex-Rio de Oro la relève des forces mauritaniennes et la Mauritanie maintient avec un soin extrême sa neutralité.Assuré au sud, le Front se retourne vers le nord et les FAR, avec un succès tout à fait net tout au long de l’année 1979 et jusqu’au printemps 1980.A partir du début de 1980, les FAR réagissent à cette situation très dégradée par l’organisation de groupements mobiles et l’établissement d’un périmètre défensif fortifié restreint. Ce resserrement sur le barrage est certes volontaire. Il a été accentué par la pression du Front lequel, en novembre 1981, a contraint les Marocains à évacuer Gueltat Zemmour et Bir Nzaran, positions imprudemment avancées. En sorte qu’actuellement seule subsiste à l’extérieur la tête de pont de Dakhla. Mais à ce prix le Maroc a rétabli et stabilisé sa situation militaire, et les efforts du Front sur le barrage ont jusqu’à maintenant échoué.

Les deux machins
Cette stabilisation a été l’occasion d’une relance de la diplomatie. Mais l’ONU, totalement impuissante, ne peut que recommander (même si elle dit « exiger »), de façon dérisoire, l’autodétermination des populations. Solution tout à fait dérisoire, parce que matériellement impossible, et sans signification, du fait des mainmises opposées sur des populations partagées. Il va de soi que l’autodétermination ne créera pas de solution ; elle ne pourrait qu’entériner un accord préalable entre les parties.ááL’OUA, second « machin » derrière lequel se retranche maintenant le premier, n’est pas plus heureux. L’échec du sommet des chefs d’Etat à Nairobi le montre bien, où le 27 juin 1981 Hassan II acceptait un référendum. Le comité chargé de sa mise en œuvre n’a pu élaborer une procédure préalable au scrutin, ni même une question à soumettre au vote, qui satisfassent les antagonistes.Dernier avatar de la diplomatie, dont les conséquences néfastes pour l’avenir même de l’OUA ne sauraient être sous-estimées : l’admission forcée de la RASD à l’Organisation, le 23 février 1982 à Addis-Abeba, où 26 Etats sur 50 reconnaissent le « nouveau-futur » Etat.

IV. - UN NOUVEAU SAHARA?
La situation militaire figée au nord depuis plus d’un an, la Mauritanie sortie de la guerre depuis bientôt quatre années, il importe de jeter un regard renouvelé sur ce grand morceau de désert, que désolent à la fois les excès de la nature et la passion des politiques. Essayons de réunir dans ce même regard l’héritage du passé, les conditions que la guerre a créées, les évolutions modernes d’une civilisation nomade.Les Maures, en dépit de leur unité culturelle, sont aujourd’hui partagés en trois blocs, d’inégale importance: le « triangle utile », dénomination cynique par laquelle on désigne la région du nord-ouest, sous administration marocaine, que protège le barrage; la zone contrôlée par le Front Polisario, essentiellement les camps des environs de Tindouf ; la République Islamique de Mauritanie, dont il faut souligner, par rapport aux deux autres ensembles, le poids démographique et la personnalité internationale complète et éminemment respectable.Dans ces trois ensembles inégaux une révolution simultanée, très objective, s’est produite : la sédentarisation des nomades. Les causes en sont multiples. La sécheresse est la plus évidente, qui sévit au Sahara occidental depuis de nombreuses années. Nous en avons récemment observé les effets en Mauritanie. Après une interruption relative l’été 1980, deux très mauvaises années se sont succédées, en 1981 et 1982. Le nord, que nous avons parcouru, n’a bénéficié deux ans de suite d’aucune pluie notable et la végétation utile y est pratiquement inexistante. Cette situation marque profondément l’évolution actuelle de la Mauritanie au plan social et politique. Elle a en effet déterminé le regroupement de la population à proximité des rares voies de communication et dans les centres urbains, lieux de concentration autrefois inimaginables et dont la capitale, avec ses quelque 400 000 habitants, est l’exemple le plus spectaculaire.Mais la sécheresse n’est pas le seul motif de la sédentarisation des nomades du Sahara occidental. Les facilités de la vie urbaine y aident. Centres miniers et administratifs procurent des emplois qui profitent à une vaste clientèle familiale. La volonté des gouvernants, enfin, plus ou moins exprimée, n’est pas étrangère au mouvement. Le regroupement des administrés permet un contrôle plus efficace, comme une meilleure organisation de leur assistance.Mais la prise en mains qui en résulte est, il importe de le souligner très fortement, de nature très différente dans les trois ensembles que nous avons définis. On peut penser que celle que le Maroc exerce sur ses populations du sud est basée sur la séduction matérielle. De considérables efforts ont été faits et des sommes importantes investies pour le développement de la marche saharienne, dans tous les domaines de la vie publique : production, voies de communications, ports, tourisme, enseignement, santé, habitat. L’action du Front Polisario est la plus directe et la plus politisée. Dès le début de la guerre le regroupement, fortement aidé, dans les camps de la région de Tindouf a fourni au Front une masse de manœuvre dense et un champ d’expérience. Les méthodes efficaces inspirées des techniques révolutionnaires ont donné naissance à une pseudo-nation créée de toutes pièces. Une véritable « révolution culturelle » a été commodément poursuivie, dont le rejet des hiérarchies tribales, la promotion féminine, rééducation totale des enfants sont les moyens principaux. Il va de soi que cette évolution moderniste, quelqu’entachée qu’elle soit d’idéologie bêtifiante et simplificatrice, n’a pas que des aspects négatifs. On ose espérer, au demeurant, qu’elle n’aura pas réussi à éliminer le hautain scepticisme qui fait du nomade un éternel résistant.En Mauritanie aussi la répartition nouvelle de la population ex-nomade favorise une certaine modernité. Une modification de la vie matérielle s’accentue, sensible dans l’habillement, l’alimentation, l’usage de la radio et de la vidéo, le comportement des femmes. Politiquement les mœurs changent, à la fois par la force des choses et la volonté des dirigeants. Le président Haïdallah et son conseil militaire de salut national se sont lancés dans une œuvre de rénovation dont les moyens et les objectifs sont clairs. Le nouveau régime n’admet actuellement ni parti politique ni représentation populaire classique. Mais la grande ambition est de tisser des liens entre peuple et gouvernants à travers une organisation dont la mise en place s’achève et que désigne l’expression très parlante de Structures d’éducation des masses (SEM).Les SEM regroupent la population au sein d’une pyramide parfaite et vise trois buts complémentaires:- casser la hiérarchie tribale traditionnelle;- amener la population à prendre en mains ses propres affaires;- par l’éducation civique et l’information, préparer la société maure à l’exercice de la démocratie véritable.L’on pourrait penser que la suppression, même provisoire, de toute vie démocratique à l’occidentale, son remplacement par des structures d’encadrement de la population strictement analogues, dans leur principe, à celles que pratique dans ses camps le Front Polisario, s’apparentent à un regrettable totalitarisme. Ce serait mal juger les Maures et leurs actuels dirigeants. L’Etat du président Haïdallah est rien moins que policier. Les Maures, dirigeants compris, ont gardé leur liberté d’expression, leur scepticisme foncier à l’égard du pouvoir, leur finesse de jugement, leur répugnance pour les maîtres à penser. Nul ne peut, ici, se prendre au sérieux. C’est là ce qui garantit, au-delà des structures théoriques, la fondamentale différence qui sépare les SEM de la révolution culturelle que mènent les frères Sahrawi.Le risque de totalitarisme étant exclu, le but poursuivi par l’équipe mauritanienne est louable, mais la tâche immense, tant il y aurait à faire pour effacer les particularismes tribaux, surmonter l’individualisme des Maures et leur perpétuelle inadaptation à la ville. Il est certain que les « structures » mises en place sont, avec leur clarté, leur transparence, le souci du bien commun qui les inspire, fort éloignées des conceptions traditionnelles de la société nomade, dont la complexité, le flou, les possibilités de contournement et pour tout dire la joyeuse anarchie font le charme et la faiblesse.Structures douces mauritaniennes ou austère encadrement du Front Polisario, ces nouveautés paraissent difficilement compatibles avec un retour complet au nomadisme. Comment donc évoluera la société maure, secouée par tout ce que l’on vient d’exposer, si la situation pluviométrique redevient normale et la vie nomade à nouveau possible dans l’ensemble du pays. La sédentarisation est-elle définitive ?Dirigeants mauritaniens, marocains, sahrawi, écartent avec un bel ensemble la possibilité d’un retour à la vraie vie nomade. Ils se trouvent pourtant, pour l’établissement définitif d’une société sédentaire ou de petit nomadisme, dans des situations très diverses. Le « triangle utile » du sud marocain y est parfaitement adapté : l’exiguïté du territoire exclut le grand nomadisme chamelier, cependant que l’infrastructure économique et urbaine fournit aux populations des points d’accrochage et de relative prospérité.Les dirigeants mauritaniens orientent leurs projets vers la création de zones agricoles irriguées, de petit nomadisme autour de puits multipliés, là où les conditions sont réunies, soit essentiellement dans la moitié sud du pays. On imagine alors un développement du sud, s’accompagnant d’une désertification peut-être définitive du nord. No man’s land où la vie serait maintenue autour des seuls centres miniers et des pauvres oasis de l’Adrar.Le Front Polisario, quant à lui, a actuellement, pour tout support de vie sédentaire, les camps... et l’aide algérienne. Il vit de l’espoir de la reconquête militaire ou diplomatique du « triangle utile ». Cependant, on ne saurait oublier que dans ses rangs ou sous ses tentes se trouve l’essentiel des Rgueybat : faible population, mais les plus grands nomades de cette terre..Passant de ces considérations nomadisation-sédentarisation à la recherche de solutions politiques au conflit en cours, on voit bien que seuls le triangle nord-ouest et la Mauritanie du sud peuvent fournir le support d’Etats quelque peu modernes : où l’on retrouve la polarisation nord-sud des anciens nomades. Séparant ces deux pôles d’attraction - ou les liant - le vide bédouin s’offre à ceux des Maures (des Rgueybat ?) qui voudront revenir à leur mode de vie ancestral.Quel sera le sort du « triangle utile », là est donc le nœud du problème. Première hypothèse, il revient au Front Polisario. A vrai dire, on ne voit pas le roi Hassan II acceptant de le « rendre » à une RASD indépendante. Si pourtant de grands changements - qu’il serait indécent de préciser - amenaient à une telle solution, la RASD, obtenant pleine satisfaction, constituerait un Etat certes débile, mais que l’exploitation des phosphates de Bou Craa rendrait, quelque temps, viable. La Mauritanie ne verrait sans doute pas d’un mauvais œil les frères sahrawi constituer entre elle et le Maroc un écran confortable.La seconde hypothèse paraît moins invraisemblable : le Maroc conserve le triangle... et s’en contente. Abandonnant notamment les installations de Dakhlé-Argoub, il peut présenter cette limitation de ses ambitions initiales comme une nouvelle et incontestable concession. Reste qu’amputée de la zone nord-ouest et de son phosphate, la RASD potentielle ne saurait vivre. Certes les nostalgiques de la vie chamelière pourront imaginer qu’annexant une partie du Zemmour mauritanien, autour de Bir Mogreyn, elle pourrait se constituer en Etat nomade, monstre encore jamais vu, où s’ébattraient les Rgueybat. C’est évidemment une solution de rêve, qui ne satisferait en aucune façon les dirigeants du Front, modernistes et révolutionnaires. Il va de soi, enfin, que la Mauritanie n’est nullement disposée à rogner ses frontières nord, même si ce nord ne l’intéresse guère que par ses ressources minières, actuelles et potentielles.Alors ? Doit-on donc souhaiter la disparition progressive du Front Polisario dont, il faut bien le dire, les options politiques extrêmes durcies par la guerre, empêchent tout compromis ? Une conjonction de la modération algérienne et de la diplomatie mauritanienne pourrait aider à cet effacement, qu’on osera dire bénéfique aux populations intéressées. Le Maroc conserverait le triangle utile, la Mauritanie s’augmenterait de l’ensemble restant et obtiendrait sans doute une participation à l’exploitation des phosphates. Accessoirement, les meilleures conditions seraient créées pour une reprise de l’exploitation chamelière et le maintien de l’entité rgueybat, à laquelle Maroc et Algérie devraient consentir les facilités de parcours nécessaires. La paix revenue, et dans le cadre, tant espéré là-bas, du Maghreb des peuples, de nouvelles négociations pourraient s’ouvrir, pour un accès algérien à la côte atlantique.La solution ainsi esquissée paraîtra irréaliste. Elle suppose en effet un douloureux changement d’attitude de l’Algérie face au Front Polisario. Elle inquiètera les dirigeants mauritaniens, peu désireux de voir les doctrinaires du Front venir troubler le cours serein de leurs réformes. Mais ces obstacles tiennent aux passions politiques, lesquelles sont fort éloignées des modestes aspirations des populations sahariennes. Ce serait un bien grand changement, là comme ailleurs, si les hommes, soudain, n’avaient plus d’orgueil.

(I) Le mot de Sahrawi, « Saharien », fait seulement référence à l’ancienne colonie du « Sahara espagnol ». Mais il comporte une évidente connotation bédouine, élément efficace de publicité politique.
(2) NDLR : Cap Timiris sur les cartes marines et certains Atlas.
(3) On pense ici au vertueux jumelage de la bonne ville du Mans avec la « ville » de Haouza. ou à celui de Brest avec Bir Nzaran dans le Tiris.
(4) Le partage administratif colonial entérinait ces faits, les Gouasem étant répartis entre les administrations espagnole et algérienne (Confins), les Sahel entre Mauritanie et Espagne.
(5) On peut aujourd’hui regretter que les Espagnols, à vrai dire gênés par la longue agonie de Franco et sa succession, n’aient pas mieux orientés ces mouvements. Le PUNS, parti de l’Union nationale Sahrawi, eut pu servir de support à une indépendance paisible.
(6) Le 5 août 1979, quelques jours après une ultime attaque, meurtrière, du Polisario contre Tichle (12 juillet 1979).
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Román Martínez del Cerro
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Interesante artículo

Mensaje por Román Martínez del Cerro »

Resulta muy interesante el artículo de Claude Le Borgne, en la Revue Défensa National sobre el Sahara y que Juan Piqueras lo ha colgado en la web, por envío de José Luis Brugal. Su visión general y “alejada” del conflicto dan un marco muy creíble para comprender cuales fueron los intereses y las circunstancias que han producido la situación actual. Digo alejada, al considerar que Francia, con la independencia de Argelia y Mauritania y la terminación de su protectorado en Marruecos, debe ser sensible a lo que ocurra en esa zona, pero lo vive con cierta distancia.
Es curioso, como destaca Claude Le Borgne, que el Polisario, según el artículo, fundado el 10 de mayo de 1973, ya librara su primer combate el día 20 de ese mismo mes. Su radicalismo, apoyado por Argelia y Libia y su posición política precipitan los acontecimientos.
Bajo mi punto de vista, siempre distingo entre el pueblo nativo del Sahara, amigos de España y el Polisario. Como en otro apartado, nos comentaba José Luis Brugal, no se entiendo como un pueblo, amigo de España, pueda, a partir de mayo del 1973, volverse contra nosotros. El PUNS, el otro partido político, que creció al amparo y de la mano de las autoridades españolas, ya conocemos como terminó.
¿Es el Polisario, el único representante del pueblo del Sahara? Yo deseo que no, pero mis deseos son una cosa y la realidad puede ser otra. De todas formas, la situación está caliente. Hoy mismo, en la vecina Mauritania, se ha producido un golpe de estado y no hace mucho tiempo, cuando ya contábamos con esta página de la Mili en el Sahara, se produjo otro en ese mismo país. Dos golpes de estado en este corto periodo de tiempo, refleja la inestabilidad política que reina en esta zona.
El articulista habla de la fuerte politización del frente Polisario y como los campos de Tindouf son un campo de experiencia para la utilización de métodos inspirados en técnicas revolucionarias. Esta es la opinión de Le Borgne, opinión que por mi parte no puedo ratificar ni desmentir, ya que no he visitado ni conozco dichos campos. Seguro que otros compañeros tendrán opiniones mucho más autorizadas que la mía sobre este tema.
Lo que queda absolutamente claro es la existencia de un drama humano, la tremenda pobreza, en Tindouf, Mauritania, el Sahara y en general en toda la región del Sahara Occidental y Subsahariana. Y ante ese grave problema, desde los países con mayor nivel de desarrollo, debemos hacer algo para conseguir que salgan de esa situación. Con independencia de las situaciones políticas, que en muchos casos son consecuencias del nivel de pobreza que tienen que sufrir.
Sería interesante que algún compañero, con mejor nivel de francés que el mío y algo de tiempo, tradujera este interesante artículo, para general conocimiento del resto.
Saludos, Román
Lafontaine claudine
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Registrado: 29 Dic 2010 20:29

Re: REVUE DÉFENSE NATIONALE

Mensaje por Lafontaine claudine »

Bonjour,

Pour ceux que cela intéresse, vous pouvez retrouver le Général Claude Le Borgne sur "Secours de France", ainsi que le Général Maurice Faivre.

Et si la Marine Française vous intéresse, il y a le site www.meretmarine.com

Bonne Année à tous
C.L.
Lafontaine claudine
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Registrado: 29 Dic 2010 20:29

Re: REVUE DÉFENSE NATIONALE

Mensaje por Lafontaine claudine »

http://www.albin-michel.fr/Routes-de-sa ... 2226312655

le dernier livre du Général Claude Le Borgne vient de paraître :

"Routes de sable et de nuages"
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